Montage Gilbert Mistral

Dernière modification le 07 janvier 2018 à 02h38

Montage Gilbert Mistral

Informations Techniques

PlatinesRoll'Line Mistral

Ce montage est celui avec lequel je pratique actuellement (août 2013) le Roller Derby au sein de la Panam Squad. Plus que vous proposer quelques photos du montage fini, je vais tenter d’expliquer les choix et de montrer les étapes du montage.

La chaussure Gilbert

Gilbert est l’équipementier historique du rugby. Une chaussure de rugby, c’est un peu une chaussure de foot, mais renforcée . Celle ci est coquée et montante. Si la chaussure de foot est ce qu’on trouve de mieux pour le quad, la chaussure de rugby devrait être vraiment pas mal pour le Roller Derby.

Trouvée sur le bon coin en occasion pour 35€, c’est une version à 8 crampons vissés avec une tige en synthétique. Ce n’est pas un modèle de légèreté, mais c’est n’est pas forcément le but recherché, même si ça reste une thématique importante.

Montage Gilbert Mistral
1362g pour cette Gilbert en 44, ce n’est pas très lourd

 

La platine Roll Line Mistral

La Roll Line Mistral est une platine d’artistique d’une précision folle, vendu autour de 260€. À ce prix là on commence à taper dans le haut de gamme de la marque. Je l’ai trouvé également sur le bon coin à 140€, dans un état pas parfait, mais suffisamment correct pour mon usage. La taille d’entraxe est de 170 mm. Cette platine n’est pas d’une légèreté délirante (encore que), mais au niveau de la précision, de la réactivité et de la maniabilité, elle se pose là.

C’est mon deuxième montage pour cette platine, son 3ème puisqu’elle était montée sur une boot de Rink Hockey quand je l’ai reçue. Je l’avais mise sur des chaussures à crampons de foot US (Nike Lunar Superbad) pour le Derby, mais je la trouvais montée trop en arrière : je manquais vraiment d’impulsion au niveau de la pointe du pied. Je l’ai donc remontée légèrement plus en avant cette fois, quitte à perdre en stabilité arrière.

Pour des raisons de sensation, l’entraxe de 170 me semble être le maximum pour mon 44. J’aurais pu avoir un truck avant plus vers la pointe et garder de la stabilité arrière en passant sur une platine plus longue, mais je tiens à garder les sensations d’une platine d’une taille raisonnable (en extérieur, je suis monté en 163 , et en course en 160, et je tends à aller de plus en plus court).

Montage Gilbert Mistral
Roll Line Mistral : 488g en entraxe 170mm

L’abandon des Nike Lunar Superbad

Outre le montage trop en arrière, les Superbad ont un gros amorti interne au niveau du talon (système Nike Lunarlon) qui fausse un peu les sensations je trouve. De plus, la forme de la chaussure m’avait forcé à mettre une grosse talonnette, mais mes habitudes de patinage me font aller progressivement vers moins de hauteur de talon possible. (montage de vitesse : en avant et à plat). Je remonterais sûrement ces crampons un jour, car ils ont quand même une bonne tête.

Première étape : Démontage de la platine

Comme on le voit, le montage était vraiment très en arrière, avec une talonnette très haute.

Montage Gilbert Mistral
Montage « à la mode Derby » avec platine en arrière

Petite astuce pour desserrer les vis qui peuvent tourner avec les écrous : je saisis la vis avec une pince par l’extérieur. Il faut suffisamment de longueur de vis qui dépasse, mais ça évite de s’escrimer avec un tournevis pour maintenir la vis au fond de la chaussure. (Wawa : même technique pour moi).

On passe quand même à la pesée avant démontage pour pouvoir faire un petit comparatif avant/après.

Montage Gilbert Mistral
1361 grammes, avec des Kryptos CR59.

Pour simplifier le montage, on démonte les trucks, on dégage stopper et gommes, il ne restera plus que la base de la platine et les kingpin.

Deuxième étape : Préparation de la chaussure

Ce sont des chaussures à crampons vissés, à partir de là, 2 stratégies possibles :

  1. On dévisse les crampons, et on pose la platine comme ça. C’était le cas de la Superbad si vous regardez attentivement.
  2. On dévisse, on lime tout ce qui dépasse, et on profite d’une semelle bien plane pour être sur de bien se poser à plat.

Puisque j’ai envie d’avoir une talonnette d’une hauteur minimale et que je cherche un peu de légèreté, je prends l’option longue : suppression de matière pour optimisation.

Je sors la lime électrique, et je dégage les bases de vis en inclusion dans la chaussure. La lime chauffe le métal en le limant. La chaleur permet de ramollir le plastique et d’extraire les embases facilement à l’aide d’une pince plate.

Montage Gilbert Mistral
La lime électrique (attention, ça en fout partout)

A l’avant, comme la pointe remonte légèrement, je laisse un peu plus de matière sur les 2 crampons avant pour ne pas avoir à trop forcer la forme de la chaussure pour épouser l’aplat de la platine.

Montage Gilbert Mistral
Semelle gauche préparée, semelle droite en cours de travail.

A l’arrière, je crée une base bien plane pour poser ma talonnette en caoutchouc de cordonnerie de 5mm d’épaisseur. Celle-ci est collée à la néoprène et sera percée en même temps que la chaussure.

Montage Gilbert Mistral
La néoprène, la colle à l’odeur tellement amicale.

Troisième étape : On peeerce

(oui, j’ai le tango des perceurs de coffres-forts des frère Jacques dans la tête à chaque fois que je perce une godasse. Paroles et musique de Monsieur Boris Vian)

 

Mais d’abord, on repère les emplacements des trous. Comme c’est pénible de noter sur une semelle, j’y colle du ruban adhésif de peintre pour faciliter les choses (note pour plus tard : ne pas oublier de l’enlever avant de visser la platine).

Montage Gilbert Mistral

Je vais pas vous refaire la leçon de placement de platine, je centre talon et second orteil, je place quasiment le plus en avant possible vu la place prise par l’embase du stopper, et je note les trous au stylo.

Pareil sur l’autre chaussure, et ensuite… On peeeerce ! Bien droit s’il vous plaît avec une mèche à métal de diamètre 4,5mm (les vis font 4, mais avoir un peu de marge ne peut pas faire de mal, surtout que le caoutchouc travaille pendant la perce, et les vis de 4 sont galères à passer dans un trou fait dans le caoutchouc avec un foret de 4. Certains percent même à 5 ou 6.), en ayant pris soin d’enlever la semelle de confort. Pour être tranquille niveau solidité, je fais les 6 trous. (les vis se vendant généralement par 10, beaucoup de patineurs se contentent de 5 vis par pied)
Pour être sur de ne pas abîmer la doublure de la chaussure lorsque vous percer à l’avant du pied, vous pouvez même passer une plaquette en bois dans la chaussure pour bien sentir quand il n’y a plus besoin de percer plus loin.

Les trous avant touchent les embases de crampons que j’avais laissées. La mèche à métal est de toute façon ce qu’il y a de mieux pour percer les chaussures, mais ça se justifie d’autant plus dans ce cas. En faisant bien attention de ne pas déraper, ça se passe sans trop de problèmes.

Montage Gilbert Mistral

4ème étape : le Montage

Les outils employés :

  • clef à pipe de 7 pour les écrous M4
  • petite clef à cliquet pour aller au bout de la chaussure tenir les vis à l’intérieur (possible aussi de tenir les vis à la pince par l’extérieur pour pas s’emmerder, mais plus long car la clef à pipe sera moins utilisable)
  • tournevis pour visser les vis arrières (là, je maintient la clef à pipe en place le long de la platine, et je visse au tournevis par l’intérieur)
  • pince multiprise pour casser les vis trop longues (on choppe la vis, et on la tord dans tous les sens jusqu’à ce qu’elle casse)

La visserie employée :

  • 12 boulons poeliers en 4mm (M4)
  • 12 Rondelles large à l’intérieur des chaussures
  • 24 rondelles 4mm étroite entre la platine et les écrous. (à posteriori, 2 rondelles par vis, c’est du luxe, une seule suffit largement)

Comme les boulons poeliers sont vendus (comme leur nom l’indique) avec les écrous, je n’ai pas utilisé d’écrous nylstop. C’est une erreur, il vaut mieux mettre des nylstop.

Les platine Mistral sont latéralisées, le pas de vis des stoppers est orienté de façon à ce que le stopper vienne sous le gros orteil (toe stop). Il ne faut donc pas se tromper de platine.

C’est indiqué sur les platines : DX pour dextre, SX pour senestre. Après montage, la symétrie semble parfaite.

Montage Gilbert Mistral
Oui, j’ai oublié un bout de scotch sous le talon gauche…

On remonte les trucks, roues et stopper, et on repart pour la pesée.

Montage Gilbert Mistral

Sensations

Les sensations sont bonnes, avec un patinage précis, plus puissant que lorsque la platine était plus vers l’arrière. Le patin réagis bien quand je force sur les cotés, même si vers l’extérieur avant, je sens souvent le plastique de la semelle ployer légèrement.

L’abaissement du talon et l’avancement de la platine se compensent sur le track par une position du corps plus basse, ce qui n’est pas plus mal. J’avais fait mon montage en arrière lorsque je débutais le Derby (pour les premier match Panam Squad vs Kamiquadz, après quelques mois d’entraînement), alors que je n’arrêtais pas de tomber en arrière avec un montage Tiempo + Lazer assez centré, mais avec l’expérience du track, les blocages jouant sur cet équilibre deviennent plus faciles à gérer, donc je ressens moins le besoin d’avoir mes roues très en arrière.
La tige reste relativement souple au niveau de la cheville. Les chaussures chaussant un peu large, j’ai rajouté de la mousse technique sous une partie de la semelle de confort, que j’ai également remplacée. Les lacets sont longs, suffisamment pour faire un tour sous le talon et éventuellement se passer de straps.

(Wawa : si je devais refaire un montage Derby je ferais comme Joris, un montage avec la platine plus en avant. En ayant la platine en arrière il est plus difficile d’accélérer, surtout si comme moi on n’utilise pas de stoppers).

Modifications ultérieures

Depuis le montage, j’ai remplacé les gommes transparentes (les 2ème plus dures dans la gamme Roll Line) par les gommes jaunes translucides, plus rigides. Ça rend le patinage moins souple qu’avec les transparentes, qui sont très souples pour mon poids, mais aussi plus réactif. Le choix des gommes jaunes n’est pas définitif (j’aimais bien aussi les possibilités de changement de direction du modèle plus souple), mais vu qu’elles sont neuves, je vais les user un peu pour voir comment leur comportement évolue. Un panachage des gommes jaunes et transparentes est également possible.

J’ai également remplacé les Kryptos Kryptos CR59 (diamètre autour de 57mm) par des Roll Line Helium (diamètre 64mm). En fait, j’utilise plus les CR59 pour l’entraînement, et les Helium, plus grandes et légèrement plus dures tout en ayant un très bon grip, pour les matchs.

Niveau stoppers, ça va ça vient, j’essaye de passer doucement vers une configuration sans stoppers, mais la précision qu’ils apportent, par exemple pour s’arrêter aux limites de la piste sans sortir est tout de même pratique… Le plus dur reste de switcher souvent entre mes patins de rue ou de vitesse sans stopper, aux patins de Derby avec stopper (je me gamelle souvent dès que je remets les stoppers)… Actuellement je fais la plupart des entraînements sans stoppers, avec juste des jam plugs.

(Wawa : la meilleure solution est de supprimer définitivement les stoppers !).

Montage Gilbert Mistral
Gilbert Mistral avec roues Roll Line Helium et jam plug

Petite note sur le prix final de ce montage

On voit souvent des patins de Derby à plus de 400€ la paire sur les tracks. Là, on a une platine supérieure à n’importe quel matériel de chez Riedell / Powerdyne, une pompe tout à fait adaptée à la pratique (avec un tout petit bémol sur la semelle, qui gagnerait à être encore plus rigide), et des roues excellentes.
Neuves, les Roll Line Helium se trouvent autour de 45€, ce qui n’est rien aux vues de la qualité de ce roues, les plus légères de leurs catégories et proposant un grip et un confort épatant.
Une bonne platine ne s’use pas, donc le marché de l’occasion est tout indiqué. Dans mon cas les stoppers presque neufs étaient fournis avec.
Pour les chaussures, ça peut être plus délicat, mais vu le prix neuf du bon matériel de sport, passer par l’occasion est souvent aussi un bon calcul, en faisant attention à l’état du matériel.
Les roulements sont de la récup, mais je compte tout de même 20€ pour un jeu de roulements standards.
Total : 45 + 140 + 35 + 20 = 240€ .

On ne le dira jamais assez, les prix de matériel américain est très surévalué du fait du matraquage marketing, des intermédiaires et de l’import.
À part certains matériels Sure Grip (roues Motion et Aerobic, platines Avenger Mag, etc ), les platines et roues américaines n’ont aucun intérêt comparées au matériel européen d’artistique et de Rink Hockey (ces disciplines ont plus de cent ans d’évolution du matériel…).

Une chaussure Riedell moyen de gamme coûte dans les 250 € (les 265 des Wicked par exemple), ça va jusqu’à 450€ (les 1065 des Siren). C’est extrêmement cher, aucun autre sport ne dispose de chaussures aussi chères, les meilleurs crampons de foot tapent dans les 200 €, les bottines de patinage artistique sur glace montent autour de 350/400€, et c’est pour les gens capables de passer des quadruples sauts !

Si vous pouvez placer un 1080 dans l’apex, payez vous des pompes à 300€. Sinon, gardez les pieds sur terre.

(Wawa : ces points feront l’objet d’un prochain article complet sur le marketing et le Derby, ou comment on paye trop cher son matos…)

Réagir sur le forum