Retour sur les platines Monolith par son créateur

Dernière modification le 23 avril 2013 à 03h38

Retour sur les platines Monolith par son créateur

Dans les années 90, Luc Bourdin a eu la chance de réaliser sa propre platine de quad : la Monolith. Celle-ci a la particularité d’être sans truck et faite toute spécialement pour le street. Des années après, RollerQuad vous replonge dans ce moment d’expérimentation quadesque.

Comment t’es venu l’idée d’un platine sans trucks ?

Assez simplement en fait, je serrais mes lazers comme un âne, pour réduire l’impact des pressions exercées sur les silent blocks. En saut, ça ne changeait rien, en slalom en revanche, pour tenir les figures en tranche, c’était nécessaire. Je me suis dit que si j’enlevai la notion de direction qu’apportent les trucks, comme c’est un de leur 2 rôles (le second pour moi est l’amorti grâce aux silent blocks encore une fois), autant s’en passer !

De quelle manière Hawaii Surf t’a permit de réaliser ces platines ?

Mes pratiques à l’époque (1995), c’était le saut, le slalom et le street. Je suis arrivé de ma province dans LE magasin du quad en demandant à 5 mn de la fermeture du shop s’ils avaient des platines de street pour quad. Ils m’ont montré les grinders que je connaissais, je leur ai répondu « non, pour le street » et de là une longue discussion a commencé avec Eric Gros, à l’issue de laquelle il a donné 2 paires de lazers à mutiler pour aller au bout du concept.

Eric a vraiment misé sur moi sans me connaître, il m’a fait confiance et pour ça je lui serais toujours redevable, j’étais un parfait inconnu, il m’a senti passionné et m’a simplement donné une chance d’aller au bout d’un projet, avec tout l’investissement financier que cela implique (matériel, recherche, création de moules, …).


Le patin complet

Comment s’est effectuée la mise au point ?

La première étape fut la transformation d’une platine lazer : j’avais plié des barres de protège poignet qui passaient pile poil entre les trucks, tenus grâce aux vis micrométriques et à un perçage au centre de la platine pour créer une méga encoche. J’avais également scié le frein pour faire un nose utilisable pour se caler, voire glisser. Et monté le tout sur des coques de in line, des melbourne de Roces je crois (RollerQuad : je confirme, noires avec le spoiler vert montant !).


Les tout premiers protos !

A partir de là et de croquis fais à l’arrache, Hawaii Surf a créé un prototype en fibre de verre qui a permis d’affiner la forme. Mais le prototype a été fusillé en peu de temps. Il a donc fallu travailler sur les matériaux.

Eric m’a fait passer un second prototype dans un matériau qui manquait un peu de densité, j’ai plié les axes en pleine compétition de high jump à Milan, c’était en 1996. La roue touchait la platine, je n’avançais plus, autant te dire que je ne l’ai pas gagnée celle-là.

La troisième version a permis de retoucher un peu la forme en élargissant l’embase et en retravaillant le h-block, et en passant les axes en 8mm au lieu des 7 initiaux. On a aussi abouti au matériau final.

Te rappelles-tu des réactions des patineurs quand tu faisais les compets avec ces prototypes ?

Honnêtement non… (NDR : moi je m’en rappelle bien. Il y a des patineurs qui sont venus le voir en disant « si j’avais pu faire ça avec des quads, jamais je ne serais passé en inline »).

En voyant le produit final, es-tu satisfait ? As-tu repoussé les limites de ton patinage avec ?

Quand je l’ai vu et eu aux pieds, j’étais effectivement très satisfait, et pour cause, il correspondait à mes attentes à ce moment. En revanche, commercialement parlant, c’est un produit très technique adapté à mon usage personnel et surtout à ma pointure, peu de chances donc qu’il trouve un large public.

Je fais du 43 et l’espace entre les axes correspond à du T3 en lazer, soit des produits destinés à des patineurs chaussant du 37/40, le but étant de retrouver de la maniabilité perdue en enlevant les trucks. Du coup, la platine perd en maniabilité et donne la sensation d’un bloc pour les patineurs ayant des plus petits pieds que moi, et elle est beaucoup trop courte et donc déséquilibrante pour ceux qui ont de plus grands pieds que moi. Mais la décliner implique de récréer des moules et le marché est trop petit pour ça…

Depuis, j’ai testé la transformation de la monolith en platine UFS qu’avais réalisé rollerfr (cf vidéo slide project) et je prie tous les soirs qu’une âme charitable me transforme mon dernier exemplaire à l’identique, ça me referais rechausser les quads direct !

Pendant combien de temps as-tu roulé avec ces platines ? Etaient-ce sur tes patins principaux ? Y’a-t-il d’après toi des chaussures mieux adaptées que d’autres ?

J’ai roulé avec de 97 à maintenant, ce sont mes quads principaux, mais on ne peut pas dire qu’ils sortent beaucoup ! Je m’en sers plus pour la sèche qu’autre chose, il faut dire qu’elles sont montées sur des baskets. Un montage sur boots de freeride serait vraiment plus appréciable pour faire des shuffles, du street ou du slalom.

Est-ce qu’avoir fait ces platines t’a ouvert de nouvelles opportunités ?

Non, mais peut être simplement du fait d’être passé progressivement au in-line, on ne peut plus vraiment me présenter comme un ambassadeur du quad aujourd’hui, je n’ai pas été un très bon VRP pour ce produit…

D’après toi, est-ce qu’il y aurait toujours maintenant un public pour des platines de ce type en UFS ?


Une Monolith retravaillée par l’équipe de RollerFR pour s’adapter sur les patins inline de street

(NDR : voir cet article sur RollerFR).

Un public, oui, un marché, non… alors trouver le philanthrope qui voudra bien satisfaire quelques passionnés, ça ne me paraît guère évident…

Te rappelles-tu d’autres prototypes de platines de quads de street à l’époque ?

Je me souviens de la tentative d’un autre shop Parisien au début des années 2000… et le modèle que Toto est en train de développer en ce moment même (visible sur son facebook).

Luc Bourdin pour 100% Quad. (NDR : retrouvez Luc et les Monolith UFS dans la vidéo Slide Project par FreerideBX).


Slide_project-freeridebx par kamibx