J’ai rencontré Jerry Attric lors du MERDC et je lui ai proposé de faire son portrait. En voici le résultat.
Est-ce que tu peux te présenter ?
Je m’appelle John Kikham, mais vu mon investissement croissant dans le monde du roller derby depuis plus de 6 ans, beaucoup de gens me connaissent sous mon nom de Derby : Jerry Attric.
Dans la vie, je travaille dans l’entrepôt d’une société de livraison au niveau national, bien que je sois à la recherche d’autres opportunités, et que j’ai plusieurs pistes intéressantes. J’habite à Leeds mais je voyage dans tout le pays en fonction des événements roller.
Comment et pourquoi as-tu commencé à patiner ?
J’ai appris à patiner aux alentours de 10 ans. Tous les « grands » du quartier avaient des quads Bauer Turbo, et j’étais vraiment jaloux de ne pas pouvoir en avoir. J’ai donc utilisé tout l’argent de mon 10ème anniversaire pour m’acheter une paire de roller en ligne premier prix (avec des roues en plastique – des roller vraiment infâmes) et suis tombé amoureux avec cette sensation d’être monté sur 8 roues. Cela peut sembler étrange, mais je savais que j’aimais le roller avant même d’essayer !
Quelles disciplines pratiques-tu ?
J’ai commencé par me balader dans le quartier, et petit à petit j’ai patiné plus longtemps et sur de plus grandes distances. J’ai fait un peu de slalom, puis de la rollerdance pendant plusieurs années avant de tomber sur le Roller Derby qui est maintenant ma discipline principale. J’ai aussi fait du Street Hockey au fil des ans, un paquet de randos londoniennes du mercredi et vendredi soir, et établis un record du marathon en quads lors du Goodwood roller marathon il y a quelques années (1h38 m39s – ndt)… Pour être honnête, j’ai fait beaucoup de choses différentes, mais le Roller Derby a été ma passion la plus dévorante sur 8 roues.
As-tu déjà essayé de danser en quad ?
Effectivement, j’ai fait ça ! J’ai passé près de 6 ans complètement intoxiqué à la danse sur quads ! J’ai appris à Londres avec des danseurs qui font ça depuis des dizaines d’années. J’ai débuté sans connaitre de mouvements et sans style, mais j’étais complètement accro à la sensation. J’ai bien dû m’entraîner pendant 5 à 6 heures chaque jour entre mes 18 et mes 23/24 ans lorsque j’ai commencé ma propre activité, qui était de donner des cours de Rollerdisco et Rollerdance. Au final, l’activité s’est essoufflée et je me suis aperçu que mon amour pour le Rollerdance avait été remplacé par le Roller Derby. Je passe parfois encore quelques figures, et il m’arrive d’enseigner le Rollerdance dans des ligues de Derby quand ça leur prend d’essayer quelque chose de différent ! Mes années de Rollerdance me manquent, et j’espère que je pourrais m’y remettre un jour, mais pour l’instant mes semaines sont trop courtes pour que je trouve le temps de pratiquer.
Quels types de patins utilises-tu ?
J’ai eu la chance d’être choisi comme « meilleur blocker » lors du championnat européen de roller derby masculin 2013, et ai reçu en prix une paire de boots de derby Luigino Q4, à l’essai en ce moment… Pas d’opinion pour l’instant, vu qu’en quelques semaines je ne les ai pas assez utilisées pour en dresser un tableau fidèle .
Cela dit, les patins que j’utilise le plus sont des rollers de Rink hockey, mes bottines préférées étant la gamme Reno Millenium. J’utilise des bottines Reno depuis aussi longtemps que je suis investi dans le Roller Derby, et je pense vraiment qu’elles sont sous estimées pour le roller derby. Elles sont très résistantes, confortables et réactives. La talonnette des bottines de hockey donne une position vraiment sympa avec de bonnes sensations d’agilité, etc.
Pourquoi utilises-tu du matériel de Rink Hockey à la place de celui de Derby ?
J’utilise des chaussures de Rink Hockey depuis environ 2005, suite aux dommages constant que je me faisais avec des coques que je montais avec n’importe quelle paire de platine et matériel que je pouvais trouver. Je suis passé aux chaussures de Rink et j’ai mis du temps à essayer de les casser depuis lors. Dès le départ, j’ai donc été conquis par leur qualité et durée de vie. Je trouve aussi que le Roller Derby a plus de points communs avec le Rink Hockey qu’avec le patinage de vitesse, bien que les boots des patins de Derby sont par nature plus près de celles des patins de vitesse. Les virages rapides, départs et arrêts, chutes, impacts et sauts en Roller Derby existent en Rink Hockey et cela fait des décennies qu’il y a des améliorations sur le matériel afin de le perfectionner. Le Roller Derby est un sport relativement nouveau et les équipements sont toujours en développement. Le matériel de Rink semble donc un meilleur investissement. Pour finir, je dirais que j’aime en avoir pour mon argent et le
matériel de Rink semble être bien plus raisonnable au niveau du prix que beaucoup de matériel spécifiquement dédié au Roller Derby, très cher.
(100% Quad : l’équipe partage entièrement les propos de Jerry).
As-tu aussi des patins en ligne ?
J’ai une paire de patin en ligne, des Salomon FSK avec lesquels j’ai passé mon diplôme d’instructeur. On les sort seulement une ou deux fois par an quand quelqu’un me contacte et veut apprendre à patiner en ligne. J’ai passé plus de 7 ans en patins en ligne dans les années précédentes, mais désormais je suis 100% en Quad.
Comment as-tu découvert le Roller Derby ?
Je pense que c’est le Roller Derby qui m’a découvert ! Je donnais un cours de danse à Leeds en 2007 et quelques Rollergirls de Londres s’y sont jointes quand j’ai fait une nuit de levée de don « Ladyfest » pour faire une démo de Roller Derby. Je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer et cela n’a pas eu de grand impact à Leeds à l’époque. Pourtant, 6 mois plus tard, il y avait une bande de filles Leeds qui avaient entendu parler de ce sport dans les magazines de tatouages ou sur myspace et se sont mises en contact avec les London Roller Girls (LRG) dans le but de monter une équipe. De ce que j’ai compris, on a parlé de moi comme étant une personne à qui il faudrait parler. J’ai donc été contacté et j’étais plus que content de pouvoir m’impliquer pour que plus de personnes patinent. Je ne savais pas trop ce qu’était le Roller Derby mais je me suis mis à en apprendre autant que je pouvais de sorte que lorsque nous avons monté les Leeds Roller Dolls je savais au moins un peu sur le sport.
Tu es un joueur, mais aussi un coach. Est-ce que tu peux nous présenter ta ligue ?
Donc j’ai monté les Leeds Roller Dolls en 2007, avec quelques autres personnes. J’ai quitté les LRD en 2010 pour aider à la création des Hot Wheel Roller Derby avec quelques personnes qui avaient des vues et des buts différents. Les trois premières années des HWRD se sont passé sans que personne n’utilise de freins sur les patins. Je ne pense pas qu’il y ait une autre une autre équipe entièrement sans frein par dans les parages ?? De toute manière une ou deux personnes commencent maintenant à apprendre à utiliser les freins et je pense qu’il est important, en tant qu’équipe, que l’on ne néglige aucune force potentielle. Peut-être que disposer des freins sera plus bénéfique pour certaines que pour d’autres.
Moi je roule avec l’équipe homme la plus proche de chez moi, les Inhuman League (IIIIIINNNNNN-HUUUUUUUMAAAAAN HO!), qui sont basés à Sheffield et cela depuis quelques années. J’ai aussi récemment été désigné coach principal de notre équipe homme nationale.
Comment gères-tu le fait d’être joueur, entraîneur d’une ligue et aussi entraîneur de l’équipe nationale ?
C’est vraiment un défi d’équilibrer toutes ces tâches. J’ai aussi un job à temps complet en plus de ma famille et mes amis. J’essaye de le faire rentrer à son tour dans ma vie ! Je gère donc toutes ces obligations en acceptant tout d’abord que le Roller Derby soit ma priorité principale. Je veux tirer mes équipes aussi loin que possible et je veux me pousser aussi loin que possible en tant que joueur. Donc quand on en arrive à la question « dois-je m’entraîner ou pas », la réponse est toujours « oui ». Pour moi la seule lutte est « Puis-je aller à l’entraînement ou non ? » et la réponse dépend souvent de mon emploi du temps. J’ai fait des Hot Wheels Roller Derby ma priorité numéro une pendant les trois années écoulées et espère que ça sera toujours le cas. J’ai du manquer quelques sessions des HWRD durant les derniers mois pour cause de sélections nationales, d’invitation à coacher d’autres ligues (ce que je fais pour aider à lever des fonds afin de pouvoir remplir mes fonctions en tant que coach national) mais aussi l’Euro (ndt : MERDC).
J’essaye de m’entraîner avec l’équipe homme aussi souvent que possible, c’est devenu toutes les semaines bien que lors de la préparation de matchs ou tournois j’ai pour objectif de participer à tous les entraînement un mois ou deux avant. Je suis aussi un membre actif de mon club de gym local et j’essaye de faire de bons entraînements plus soit par semaine après le travail. Je consacre beaucoup de temps et d’efforts à ce que je fais dans le Roller Derby mais je ne pense pas que cela marcherait si je ne m’y donnais pas à 100%.
Comme toi je suis contre le fait de rouler avec des freins. De ton point de vue, pourquoi est-ce important ?
J’ai commencé à patiner sans freins quand j’étais petit, donc je n’en ai jamais réellement utilisé. J’ai commencé à ne pas utiliser de freins car je pensais que c’était très cool et qu’après avoir tué plusieurs jeux de freins Krypto j’ai décidé de ne plus en acheter et de devenir un sans tampon. Je dois dire que je n’ai pas vraiment de problème avec les freins, mais le souci est que le Roller Derby tend à attirer beaucoup de nouveaux patineurs qui n’ont pas de passé rollersistique. Il y a un très grande tentation pour les débutants de prendre un raccourcis afin de jouer plus rapidement, ce qui résulte de mon point de vue à prendre de mauvaises habitudes. En n’utilisant PAS de freins sur ses rollers, les nouveaux patineurs apprennent à avoir des sensations automatiques de contrôle des roues, des accélérations avec les pieds en canard, du powerslides, des hockey stops, des freinages en V, etc. Lorsque l’on a des freins, on est tenté d’apprendre à rouler en les utilisant pour tout. En roulant sans frein, on apprend à maîtriser ses roues et les utiliser pour obtenir ce que l’on recherche et CELA fait de vous un meilleur patineur sur le long terme.
(100% Quad : bien entendu nous ne pouvons que partager l’analyse de Jerry encore une fois. Ne pas utiliser de freins fait de vous un meilleur patineur, plus sûr de lui même dans TOUTES les circonstances c’est évident).
Quel essor va prendre le Merby selon toi ?
Je pense que le merby continue de grossir mais à mon avis il ne deviendra pas aussi gros que le sport féminin. J’aime le merby et le fait qu’il se développe de plus en plus comme un sport crédible et sérieux. Pourtant je pense que le sport féminin est beaucoup plus excitant à regarder et qu’il fera toujours de l’ombre au jeu masculin.
Que penses-tu du niveau des équipes françaises de merby ?
D’une certaine manière les équipes françaises m’effraient. Je me rappelle regardant les vidéos freeride venues de France il y a une dizaine d’années (NDR : les vidéos RollerFR.net entre autre). Dès que le Roller Derby a commencé à se développer au Royaume Uni, je me rappelle avoir eu peur du jour où la France découvrirait le sport. En dehors de Londres il n’y a pas de scène en Angleterre. De ce que j’ai vu et trouvé, faire du roller fait partie de la culture dans beaucoup d’endroits en France. Je crois donc que vous patinez déjà tous là-bas et donc que vous avez juste à apprendre les règles et tactiques. De ce que j’ai vu des équipes de Merby il y a une grande concentration de joueurs talentueux et beaucoup de potentiel. Je pense que les équipes françaises vont vraiment exceller dans les années à venir et la combinaison de ces français en une équipe à la coupe du monde est certainement une menace que je ne prendrais pas à la légère.
Pour toi quelle est la différence principale entre les équipes françaises et anglaises ?
Comme je le disais précédemment, je pense que la différence principale est dans le patinage et l’expérience. En Angleterre il n’y a pas trop d’hommes arrivant dans ce sport avec une longue histoire du patinage en quad. A la place, nous essayons de nous focaliser sur le travail d’équipe et les tactiques qui ne nécessitent pas fortement d’être un bon patineur. Je l’ai déjà dit mais le Merby Français ressemble à une combinaison de patineurs forts qui tendent à faire plus personnellement sur la piste. Les Quads Gards ont vraiment commencé à combiner leurs forces en tant que patineurs avec un plus grand niveau de travail d’équipe, et le résultat devient mortel.
Quel est le niveau des équipes anglaises comparées à celles de États Unis ?
La différence est dure à voir car il n’y a pas eu beaucoup de matchs entre les deux continents actuellement. Je pense que la différence est massivement en faveur des équipes américaines à l’heure actuelle, mais que le niveau anglais est entrain de monter très rapidement et qu’il ne faudra pas très longtemps avant que les anglais puissent jouer à un niveau comme on le voit aux États Unis.
Que penses-tu des joueurs de Rink Hockey qui se mettent au Derby ? Ne serait-ce pas super d’avoir des équipes de Derby en Espagne et au Portugal, où traditionnellement le Rink est très populaire ?
Il y a un nombre de joueurs de Rink Hockey en Angleterre qui sont passés au Roller Derby et ils se démarquent vraiment du lot. Ils acquièrent un bon niveau rapidement. Le truc c’est que le Rink Hockey est dans son petit monde et qu’au Royaume Uni il y a peu de raison pour laquelle quelqu’un voudrait passer du Hockey au Derby. C’est pourquoi le Hockey est un sport relativement peu répandu. En Espagne ou au Portugal le sport est vraiment très important donc je pense qu’il y a encore moins de raison pour laquelle des joueurs voudraient passer à un nouveau sport. Peut-être qu’il y aura dans le Derby une augmentation d’ex joueurs de Rink et je ne serais pas surpris si ça arrivait. Le Roller Derby est plus un sport pour « personnes plus âgées » donc c’est possible que des équipes espagnoles et portugaises essayent d’arriver ceux qui ont dépassé l’âge pour être compétitifs en Hockey.
Un dernier mot ?
C’est probablement la question la plus difficile de toute ! Je peux parler de roller derby toute la journée et la nuit. Il y a tellement que je voudrais faire et voir ! Je prévois de rester encore un bon moment sur la scène du roller derby. L’un de mes objectifs est de venir en France pour faire un peu de freeride. Je peux conclure en disant que j’aimerais avoir la chance de venir en France et d’appréhender les cultures rollers du derby et de la rue.
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