100% Quad vous propose l’interview d’Ulala, streeteuse et joueuse de l’équipe de Derby des Bloody Skulls de Marseille.
Qui es-tu ? Que fais-tu ? D’où viens-tu ?
Je m’appelle Leslie Soler, je suis une bretonne d’origine réunionnaise, j’ai vécu la majorité de ma vie à Brest. Depuis 5 ans je réside dans le Sud-Est de la France.
Je suis Web designer au sein d’une agence de communication digitale.
Dans le roller derby on me connaît sous le nom d’Ulala. J’ai intégré le Marseille Roller Derby Club en septembre 2012, et j’ai pu rejoindre l’équipe des Bloody Skulls le mois suivant, après avoir obtenu mes Minimum skill.
J’ai d’ailleurs plusieurs casquettes au sein de ce club : je suis joueuse mais j’ai aussi eu l’occasion de coacher, en partie, ma première équipe d’homme (en début d’année en vue d’un match contre les Kamiquadz). Je suis official (NSO et referee) dès que l’occasion se présente.
Quand et pourquoi t’es tu mise au roller ?
J’ai commencé le roller en 2003 quand j’avais 13 ans, un peu pour faire comme mon grand frère au skatepark… J’ai aussi appris dans la rue à mes dépends, et je dois encore avoir des cicatrices de l’époque ahah (100% Quad : c’est le métier qui rentre!).
J’en ai fait en pointillés au cours de ces dernières années et j’ai même arrêté un moment hélas. Je m’y suis remise sérieusement pendant l’été 2012.
Pourquoi t’es tu intéressée au Roller Derby ?
Je cherchais à me remettre au sport car je n’étais plus très en forme physiquement : il fallait que je me bouge et vite ! Ayant fait un peu d’athlétisme étant jeune, j’hésitais à rependre mais je me suis dit qu’un sport collectif serait plus à même de me motiver.
Puis je suis tombée sur le blog des Bloody Skulls en juillet dernier, je ne sais plus trop par quel hasard. Je n’avais JAMAIS entendu parler de ce sport farfelu et, intriguée, j’ai cherché des vidéos. Je me suis rendue aux premiers entraînements offskate de la saison. J’avais les yeux qui pétillaient d’envie en regardant ces guerrières s’affronter sur le track, et je n’avais qu’une envie c’était d’être à leur place.
Je suis revenue de mon premier match à Toulouse complètement extatique et endolorie. J’étais tellement bidon que je me suis faite violer par l’équipe adverse mais j’ai adoré ! Je me suis rendue à l’évidence que la vitesse, la technique, l’action et la stratégie était définitivement la combinaison gagnante pour moi, sans parler de l’ambiance de dingue ! Mais aussi que j’avais énormément de travail à accomplir ahah.
Je suis vite passée d’une nana lambda avec un gabarit de mouche (bon ça a pas trop changé ça) qui ne faisait plus de sport, à 8h de patinage ainsi que plusieurs heures de crossfit et de musculation par semaine. En un an j’ai pris plusieurs kilos de muscles, ce qui est une petite revanche sur la vie et une victoire personnelle en soi.
Peux-tu expliquer en quoi le crossfit t’aide dans ta préparation physique ?
Je constate que depuis que je vais en salle je me sers de moins en moins des machines, préférant me muscler avec le poids de mon propre corps. Je trouve cela plus efficace, c’est donc tout naturellement que je me suis orientée vers le crossfit. Le crossfit, c’est l’addition d’exercices basés sur plusieurs disciplines : du cardio (running, corde à sauter..), de la gymnastique et de l’haltérophilie, mais aussi certains exercices pliométriques.
Les cours sont organisés en échauffement puis en WOD (ie workout of the day) courts mais intenses (15-20 min) qui reposent sur des repétitions.
Le concept est encore assez jeune en France mais c’est un très bon complément pour les athlètes pour développer force, tonicité et explosivité. Et aussi pour prévenir les blessures et rééquilibrer les muscles que je ne travaille pas ou peu en quads.
100% Quad : on ne le dira jamais assez mais le Derby est un sport de contact qui nécessite une bonne condition physique pour éviter un maximum les blessures. Les entraînements en patin ne suffisent pas pour résister à la multiplication des coups sur le long terme. Quant au crossfit, il existe plusieurs salles en France (Paris, Bordeaux, Montpellier, Toulouse, etc), et la pratique se répand assez vite.
A quels postes joues-tu en derby ?
Je suis surtout jammer mais quand je bloque je suis le plus souvent à l’extérieur en B4.
Tu pratiques aussi le street, peux-tu nous en parler ?
Oui enfin j’essaye, plus précisément je ride surtout en skatepark. J’aime l’aspect artistique, acrobatique et technique de la discipline, appréhender de nouveaux modules, les sauts et les rotations c’est ce que je préfère.
J’ai grandi avec des figures dans ce sport que j’admire beaucoup, Fabiola Da Silva coucou ! Mais aussi Mathieu Ledoux et son style très intéressant mêlant street et parkour, Franky Moralès, Chris Haffey et plein d’autres riders très talentueux.
Avec quel matos roules-tu en street et en derby ?
Ce sont des Deshi Iain Macleod avec platine Kizer, de vrais modèles de collection plus produits depuis longtemps auxquels je suis très attachée, ce sont de vrais chaussons !
Pour l’anecdote ma pointure de naine n’existait pas à l’époque (36) et il n’y avait pas de paire de junior dans les shops de ma ville…Donc je roule avec des patins trop grands depuis 10 ans mais je n’ai vraiment aucun regret !
Je possède aussi deux autres paires de freeskates pour vadrouiller en ville.
En derby je roule avec une paire des Riedell Vixen, platines Tryton en alu, roues hybrides 84A, un setup que j’ai trouvé très satisfaisant et polyvalent pour mon année de Rookie.
Est-ce que tu penses que le street et le derby sont complémentaires ? Si oui, en quoi ?
De mon point de vue, oui je pense que ces deux disciplines se sont avérées complémentaires dans ma pratique du roller.
L’agressif m’a apporté une certaine agilité et une aisance, mais surtout une audace dans le sens où surmonter ses peurs est indispensable pour progresser.
L’audace est une qualité majeure pour un jammer. Aujourd’hui je n’ai aucune hésitation à me jeter et tenter des choses sans trop me poser de questions, et je n’ai jamais redouté les chutes et les sauts car c’est un peu le quotidien quand tu appréhende de nouveaux tricks en street. Tu chutes, tu te relèves, tu retentes. J’ai même parfois beaucoup plus mal quand je reçois un violent block que quand je m’éclate sur le béton.
Mais je ne suis pas quelqu’un qui cogite beaucoup : je prends juste le temps d’évaluer, d’analyser rapidement et j’y vais. Les jambes suivent en général.
Le derby, quant à lui, m’a aidé à améliorer mes footworks ainsi que mon endurance. J’ai beaucoup progressé en un an et j’ai de bien meilleurs muscles qu’à mes débuts.
As-tu déjà essayé de faire du park en quad ?
Ahah hélas oui ! Pour déconner de temps en temps il m’arrive d’aller dans les modules ou le bowl avec. Mais ça se solde souvent par un échec critique, n’est pas Toto Ghali qui-veut ! Pour l’avoir déjà vu en démonstration, ce type est juste impressionnant ! 😀 (100% Quad : c’est une référence Toto !)
Roules-tu dehors en quad ou plutôt en inline ?
Je dirais que c’est vraiment fifty fifty chez moi, cela dépend de mon humeur.
Des fois j’ai juste besoin de faire de la vitesse pure, de me défouler un bon coup en rentrant du travail, en me tapant un speedrun dans la ville, quelque chose de cardio avec mes inlines. Et parfois j’ai envie de travailler ma technique, les juking et les changements d’appuis, ou tout ce qui me fait vraiment défaut en quad.
Comment navigues-tu entre les communautés street et derby, qui sont assez opposées ?
Je suis hélas peu impliquée dans la communauté street par manque de temps c’est plus un sport que je pratique à titre personnel pour ma détente, pour me vider l’esprit et changer ma routine car je n’ai pas cet aspect compétition qui est inhérent au roller derby.
La plupart des riders que je connais le font aussi à but « récréatif », non professionnel, même si leur niveau est parfois haut. J’aime bien assister à des contests quand il y en a dans la région. Sinon je m’inspire de ce que je vois en vidéo sur le net, je bave sur les nouveaux modèles qui sortent, comme tout le monde quoi ahah !
Et puis cela va sans dire mais il y a une majorité écrasante d’hommes. Même s’ils sont vraiment dans un esprit de partage de savoir et de techniques, il n’y a pas de place pour les dramas et les prises de tête : ce sont de grand malades passionnés jusqu’au bout des roulements et j’en apprend beaucoup d’eux.
Pour ce qui est de la communauté derby, j’ai été très violemment aspirée dedans, du fait du fort communautarisme qui y règne. J’ai d’ailleurs quelques engagements au sein de mon association et de l’équipe. Cependant, j’essaye de sortir de mon club dès que j’en ai l’occasion, j’aime aller aider et patiner ailleurs voir comment ça se passe, rencontrer de nouvelles joueuses et joueurs et partager nos expériences.
Que dirais-tu à une personne souhaitant faire du derby sans un passé rolleristique?
De s’armer de détermination et de persévérance tout au long de son apprentissage. Un excellent mental conditionne tout le reste et il ne faut pas se décourager si la technique vient lentement. Il faut rouler, rouler et rouler encore. (100% Quad : il n’y a pas de mystère, pour être bon en quad, il faut en faire un maximum !).
Et puis il ne faut pas hésiter à sortir du rink et découvrir d’autres terrains de jeux, de nouvelles sensations car cela ne peut que vous enrichir considérablement dans votre pratique du derby.
Tu parles de la rue comme d’un terrain de jeu. Pour un certain nombre de filles la rue fait peur. Que dirais-tu pour les motiver à rouler dehors ?
Rouler en milieu urbain aide à moins se focaliser sur ses patins dans la mesure où l’on est obligé de regarder au loin devant et autour de soi constamment. Cela force à faire attention à son environnement et je pense que cela peut procurer de bons réflexes, une bonne analyse spatiale et un bien meilleur équilibre sur du long terme.
À Marseille nous encourageons beaucoup nos joueuses à aller se balader dans la ville sur des initiatives personnelles, j’ai remarqué de manière générale que les filles qui allaient le plus souvent se balader étaient celles qui progressaient le plus vite en roller derby. Je ne pense pas que cela soit une coïncidence.
Il y a quelques mois, tu m’as parlé de nouvelles platines, envisages-tu de troquer tes Vixen pour une autre paire ?
J’aime bien ce que fait Luigino en matière de patins et j’aimerais vraiment m’en offrir une paire la saison prochaine.
Cela dit, j’attends d’acquérir une meilleure maîtrise avec mes platines actuelles avant de partir sur des avions de chasse.
Le mot de la fin ?
Je vous souhaite à tous d’atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés quels que soit leur difficulté et n’oubliez pas, keep on rolliiiiiing ! 🙂
High five à mon grand frère Will et mon petit cousin Mano du Abs Crew (Saint Pierre, la Réunion), deux purs riders. 😀
Longue vie à 100% Quad et un grand merci pour cette interview ! 😀
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