Portrait de WatZé

Dernière modification le 13 janvier 2018 à 11h13

Portrait de WatZé

100%   Quad continue les entrevues avec des officiels de Roller Derby : aujourd’hui c’est au tour de WatZé, arbitre international basé à Paris.

Peux-tu te présenter ? Où habites-tu ? Que fais-tu dans la vie ?

Je m’appelle Watzé (c’est mon nom de Derby), je viens de Paris et je suis le Head Official des Paris Rollergirls; Je suis aussi accessoirement entraîneur pour la Panam Squad (NDR : équipe Homme).

Le portrait de WatZé

Comment as-tu découvert le roller ?

En 2007 j’étais à Bordeaux et je me suis offert pour mon anniversaire une paire de patins en ligne car ça faisait des années que j’avais envie de m’y mettre. De plus Bordeaux est la ville parfaite pour débuter. Ensuite grâce Roller Derby je suis passé au Quad en 2010.

Quelles disciplines pratiques-tu en roller ?

Je fais principalement de l’arbitrage de Roller Derby et du freeride, mais sans faire de galipettes dans tout les sens. Je fais cela juste jouer avec les piétons et le mobilier urbain.

Le portrait de WatZé

Avec quelles paires de roller roules-tu ?

J’ai toujours une paire de patins en ligne (Seba FR1) qui traîne dans mon placard mais que j’ai délaissé depuis un moment. Maintenant je suis en quad avec un chausson Bont Patriot et une platine Avenger de Sure Grip.

Comment as-tu découvert le Roller Derby ?

Par hasard, à l’époque je roulais beaucoup (rando, skate park, slalom) et un jour sur un spot derrière chez moi une bande de fille se tape dessus là où je m’entraînais d’habitude. Elles sont venues me voir pour me dire qu’elles cherchaient des arbitres de Roller Derby : je n’avais absolument aucune idée de quoi elles étaient en train de me parler mais je trouvais cela marrant et j’ai donc plongé.

Le portrait de WatZé

Pourquoi ce nom de Derby ?

Je ne trouvais pas un nom de derby (derby name) qui me définisse vraiment. J’ai préféré inventer un nom sans aucun sens, en me disant que j’y associerais ce que je suis. Donc mon nom de derby vient d’une private joke avec mon meilleur pote. Nous étions tous les deux fans des deux minutes du peuple, et dans un sketch une mémé répétait sans cesse un mot sans queue ni tête : « Watzegaga ». J’ai raccourcis en Watzé. Comme les étrangers ont du mal à le prononcer, j’ai trouvé le moyen mnémotechnique pour leur facilité la tache : c’est le début de « What The Fuck ».

Peux-tu expliquer à un néophyte ce qu’est être un arbitre (ref) en Derby ?

De façon globale nous sommes les Officials au sein duquel on est en 2 grande famille : les Skating offiical avec des patins et des rayures (appelé aussi ref pour referee ou arbitre) et les Non skating official (raccourcis en NSO) donc sans patin avec un t-shirt commun au groupe d’Official. Les SO s’assurent de la sécurité, du respect des règles et du maintien du gameplay en encadrant le match et en donnant des pénalités s’il le faut. Les NSO gèrent toute la structure autour de ça, ils vont s’assurer que les filles aillent bien en prison, fassent leur temps requis, notes les scores et les affiches…etc. Nous sommes très nombreux, on nous appelle la troisième équipe, car là où 2 équipes comptent 14 skateurs, les Officials sont en général 18.

Le portrait de WatZé

Qu’est ce que tu aimes dans la fonction de ref ? Et ce que tu n’aimes pas ?

J’aime le sport et toute l’action qui se passe de notre coté. C’est notre travail d’équipe permettra aux joueuses de faire leur match dans les meilleurs conditions. J’aime aussi cette ambiance sur et en dehors du track, communément appelée la Derby Family. Aujourd’hui je peux aller n’importe où dans le monde et s’il y a du Roller Derby  il y a moyen qu’on l’on s’entende bien, au delà de toute question de niveau social, ethnique, sexuelle ou autre.

A l’inverse je n’aime pas les personnes qui pensent être au stade et que disent que si l’arbitre siffle alors c’est vraiment un gros c%#. Nous sommes là pour faire en sorte que les deux équipes aient les même chances de remporter la victoire. Si l’une d’entre elle ne respecte pas les règles et prend un avantage grâce à cela, c’est à nous de pénaliser pour donner un handicap et ré-équilibrer le match. Ce travail est très compliqué car il faut voir beaucoup de chose en même temps, sur plusieurs personnes en mouvement, tout en étant soi même en mouvement. Nous sommes humain et faut accepter que nous puissions faire des erreurs. Bien sur tous les arbitres ne sont pas des purs professionnels perfectionnistes mais la très grosse majorité travaille tous les jours de façon bénévole pour s’améliorer et apporter la crédibilité que ce sport mérite.

As-tu déjà joué au derby en tant que joueur ?

J’ai eu une opération de la colonne vertébrale il y a un peu plus de 10 ans et je ne connais pas vraiment les effets que pourraient avoir le Derby dessus. Tant que des examens ne m’ont rien confirmé, je préfère m’abstenir.

Le portrait de WatZé

Tu juges des matchs dans les compétitions internationales. Comment trouves-tu le niveau de l’arbitrage en France comparé à celui d’autre pays en Europe ?

Il est très dur de juger un arbitre car il n’existe pas vraiment de données chiffrées. Avoir un très grand nombre de match à son actif n’est pas forcement un gage de qualité. La règle suivante, qui ressort assez fréquemment, veut que l’on peut souvent associer un grand Official à une grande ligue. Citons par exemple Riff Ref pour Stuttgart, Dr No No pour Berlin, Off Track pour Malmö, Dangerous Danger pour Londres, etc. Ce n’est pas que l’un donne forcement l’autre mais que les deux fonctionnent et progressent ensemble. Je pense donc la question est plutôt : que penser du niveau des ligues en France ?

Le portrait de WatZé

Le nombre de ligues, et donc de matchs augmente. Quels sont pour toi les défis pour l’arbitrage dans les années à venir ?

Le Derby a commencé en France fin 2009, début 2010. Il avait commencé 4, 6 ou 10 ans avant en Allemagne, en Angleterre ou aux US. Former un Official c’est très long (environ 2 ans pour un niveau international), donc il faut du temps pour que cela se développe. Malheureusement ce n’est pas assez rapide par rapport aux nombre de ligues et on a fréquemment des matchs avec une équipe réduite par manque d’Officials, voir même des tournois que l’on est obligé d’annuler. C’est pour cette raison que je recommande toujours aux ligues de lancer des bootcamps (stage d’entraînement) pour Officials. C’est bénéfique à terme pour elles, et vu la vitesse à laquelle ils se se remplissent (moins de 5min pour un bootcamp prévu dans 2 mois), il y a une forte demande.

Le portrait de WatZé

Comment forme-t-on un arbitre ? Ne faudrait-il pas mettre en place une formation type au moins pour les bases de l’arbitrage ?

Je donne régulièrement des bootcamps ou workshops et il est vrai qu’il a un certain nombre de base qui reviennent fréquemment dans les formations. Je partage personnellement quasiment tous mes documents, que ce soit ceux me servant pour les préparations d’un match mais aussi les présentations de mes bootcamps. Lorsque j’ai débuté, nous faisions venir des gens d’Allemagne pour nous enseigner cela, maintenant c’est à mon tour et j’encourage les gens à continuer à partager les savoirs.

Quels sont les prérequis minimaux de patinage pour être un arbitre ?

Il y a pas vraiment de pré-requis officiels, mais si vous passez votre temps le nez sur vos patins cela risque d’être compliqué pour voir le jeu. Je dirais qu’il faut connaître le minimum : accélérer, tourner, freiner, tomber. Après, plus on progresse et plus ça devient exigent, avec rotation, hockey stop, etc. Certains arbitrent même en roulant en aigle.

Le portrait de WatZé

Pourquoi le monde du Derby est-il si obsédé par les protections ? Ne pourrait-on pas trouver un juste compromis entre la rue (où on ne met pas de protecs) et le Derby où on doit les mettre même pour tourner tout seul sur la piste ?

En France et comme la plus part des ligues dans le monde, nous jouons selon les règles de la WFTDA qui impose le port du casque, du protège dent, des coudières, des poignets et des genouillères et qui laisse encore la possibilité de rajouter d’autre protection. Il y a bien sûr une question d’assurance là dessous contrairement à une pratique dans la rue (où moi aussi je réduis fortement les protections). Après le nombre de chutes que j’ai vu et le nombre de blessés au prorata, je ne militerais jamais pour la réduction du nombre de protections. Dans de nombreux cas, je suis convaincu que les protections ont évité la défiguration, le trauma crânien, une infirmité ou bien pire. Quand on voit un mec qui vole avant de se retrouver la tête par terre et qu’un autre beau bébé lui tomber en plus dessus… ça calme et on est content que les pompiers arrivent vite. Après pour le reste il existe le Roller Derby Renegade, à vous de choisir.

Après il est vrai qu’on a tendance à demander le port des protections même en dehors des jams (période de jeu active). C’est une question de sécurité bien sur mais aussi une question de crédibilité du sport.Le Roller Derby est trop souvent associé à des clichés où c’est juste des filles en patin qui se tapent dessus. En tant qu’official, nous faisons partie des personnes qui peuvent donner une image plus noble et montrer que oui c’est un vrai sport avec des règles complètes et respectées et on peut avoir cela tout en gardant une forte identité et culture bien spécifique au Derby.

 Réagir